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Libération

La Russie se refait une santé diplomatique.

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Le Kremlin est parvenu à tirer profit de son coup d'éclat à Pristina.
publié le 19 juin 1999 à 23h00

Pendant le lent marathon des négociations à Helsinki, le sprint de Pristina qui a vu les troupes russes prendre de vitesse les forces de l'Otan et occuper avant tout le monde l'aéroport de la capitale du Kosovo aura été la bouée de sauvetage d'un orgueil de grande puissance malmené, humilié tous ces derniers mois.

Peu importe qui a donné l'ordre du sprint et le cafouillage de déclarations contradictoires qui l'a entouré, d'un coup de baguette magique ce geste a remis la Russie au centre de la scène internationale. Pour preuve, cette déclaration diplomatique sous la plume de Javier Solana, le secrétaire général de l'Otan, publiée par un quotidien autrichien: «Par l'envoi rapide d'une unité à Pristina, la Russie a clairement signalé son intention de participer à la mission» (de la Kfor).

Les militaires russes, forts du succès de leur ruse qualifiée par les militaires de l'Otan de «joli coup», accentuent la pression. «Nous n'accepterons jamais le commandement de l'Otan. C'est exclu», déclare Evgueni Savilov, un commandant de division dont les hommes doivent faire partie du contingent russe au Kosovo.

Contrariant le flot d'informations sur le mauvais état moral et matériel de l'armée, Georgui Chpak, général commandant les forces aériennes russes, exulte après avoir rendu visite à des troupes devant partir au Kosovo: «Depuis longtemps, je n'avais pas vu de militaires [russes] dans un tel état d'enthousiasme.» Pour l'heure, les hauts responsables de la Russie parlent d'une seule voix