Rapca, envoyée spéciale.
Ce qui fut une plainte est désormais une fierté. «No Kalachnikov. On n'a pas d'armes du tout.» Comme des gamins devant un contrôleur dans le métro, les soldats de l'UCK écartent les bras avec une bonne volonté désinvolte pour mieux se laisser inspecter par les militaires allemands de l'Otan, dans les rues de Prizren. Depuis hier, l'accord de démilitarisation leur interdit de porter des armes. «Il n'y a plus de Serbes, et nous, on est là. Cela nous suffit», claironne le commandant Drini, l'homme fort du secteur. Pour l'occasion, il est même sorti, un peu gauche, en civil pour la première fois. Avec un enthousiasme tout aussi bruyant, le général von Dorff de la Kfor se rengorge. «Ici, l'UCK s'est pliée à la mesure avec vingt-quatre heures d'avance et 30 bus viennent de reconduire chez eux des soldats démobilisés.»
Vainqueurs sans bataille, armée qui ne comptait même pas une kalachnikov par combattant, les soldats de l'UCK n'ont jamais été, il faut dire, des grands fervents de l'art militaire. Une recrue recense: «Depuis un an où je suis à l'UCK, j'ai dû tirer trois coups de feu sur le terrain. Je ne peux pas dire que mon arme me manque beaucoup.» Pourtant, c'est devant le risque d'abus de cette jeune armée que l'accord s'est réglé lundi soir de façon urgente. Des alinéas, auxquels tant l'UCK que la Kfor font nettement moins de publicité, interdisent en effet également les actes de vengeance, la détention ou l'intimidation des civils, la destruction ou la