Moscou, de notre correspondante.
Sur les photos retouchées de l'époque, il a un faux air de gavroche: la mine déterminée, la casquette vissée sur le crâne. Pendant un demi-siècle, Pavlik Morozov fut le modèle du pionnier communiste qui, à 14 ans, dénonça son père comme «ennemi de classe» puis fut assassiné par des membres de sa famille. Le mythe a depuis volé en éclats mais il n'en finit pas de hanter le pays. Lors de la perestroïka à la fin des années 80, la légende de Pavlik Morozov est l'une des premières à être revisitée. Pour les démocrates, le petit villageois qui a accusé son père d'aider les koulaks (paysans riches) et qui l'a envoyé pour dix ans au goulag n'était qu'un pauvre enfant embrigadé par le Parti. Sa mythification illustre l'une des périodes les plus sombres de la répression stalinienne, le début des années 30 avec la collectivisation forcée et la liquidation sanglante des koulaks.
Le 21 août 1991, les manifestants sortent dans les rues pour protester contre la tentative de putsch contre Mikhaïl Gorbatchev. Tatiana Iliasova, directrice du Musée historique qui jouxte le parc Morozov (débaptisé depuis), est aux premières loges pour assister à la chute de la statue du pionnier légendaire, à deux pas de la Maison Blanche: «Elle avait des pieds en granit très lourds mais ils y sont arrivés. C'était tout un symbole.» Avec le déboulonnage, on croit le dossier refermé. Mais dans la région de Kourgan, dans l'Oural, un homme se bat pour réécrire l'histoire de la famill