Kraljevo, correspondance.
Dans le camion découvert qui sillonne à grande vitesse les rues de la grande ville du bassin de la Morava, les jeunes soldats serbes de retour du Kosovo se dressent les bras levés, les trois doigts brandis vers le ciel. Serait-ce en signe de «victoire», comme le voudrait Slobodan Milosevic? Ou bien seraient-ils plutôt mus par la joie d'être encore en vie et le plaisir de rentrer enfin dans leur famille? Pour beaucoup d'entre eux, la fête a été gâchée. A peine arrivés à la maison, quelques centaines de jeunes «tankistes» ont été renvoyés retrouver leurs chars à Kursumlija, à la frontière du Kosovo. «Dans quel but? Ils ne nous le disent pas, mais on ne leur fait pas confiance», murmure un père de famille. Ces «ils», c'est le régime et l'armée dont la popularité est au plus bas dans cette grande ville industrielle en débâcle où l'opposition a fait échec à la fraude et emporté la mairie en 1996. Ici, la colère gronde, comme dans une bonne partie des villes du sud et du centre de la Serbie.
Paiement de leur solde. A 25 kilomètres de là, quelques centaines de réservistes ont bloqué une route. Ils viennent de la région de Krusevac, la grande ville du sud où les réservistes déserteurs s'étaient mutinés le mois dernier. On dit qu'ils appartiennent à la même unité, la 125e brigade motorisée, récemment décorée par Milosevic. Cette fois, ils demandent le paiement de leurs soldes, une question qui pourrait s'avérer explosive. Les caisses de l'Etat doivent 4 000 di