Bonn, de notre correspondante.
Seul un virtuose politique pouvait imaginer un timing aussi parfait. Au lendemain même de l'adoption d'un grand plan d'austérité et de coupes sociales, le chancelier allemand Gerhard Schröder a fait annoncer hier qu'il compte envoyer dans les Balkans l'homme considéré comme le père de cette politique du «nouveau centre». Bodo Hombach, 46 ans, chef de la chancellerie et personnage central de l'équipe Schröder, a été proposé par l'Allemagne hier au poste de coordinateur du «Pacte de stabilité» pour le Sud-est de l'Europe, une initiative diplomatique européenne destinée à éviter la répétition de nouvelles crises du type Kosovo. Un «projet aussi important pour l'Europe» mérite que le «meilleur homme» et le «plus proche collaborateur» du chancelier y soit détaché, a argumenté le porte-parole du gouvernement Uwe-Karsten Heye. La formule est élégante pour masquer que Schröder botte en touche un personnage devenu intenable à Bonn.
Ancien manager de l'entreprise Preussag, organisateur de plusieurs campagnes électorales réussies du parti social-démocrate, devenu chef de la chancellerie fédérale sous Schröder, Bodo Hombach est un personnage central de la constellation du pouvoir à Bonn. Il y incarne le projet «nouveau centre», concept flou pour une social-démocratie mâtinée de libéralisme, avec lequel Schröder a remporté les législatives. Hombach est aussi le principal rédacteur côté allemand du «manifeste Blair-Schröder», brûlot contre les débordements de