Bologne envoyé spécial
«Nous sommes tout simplement déconcertés.» Installés autour d'une table couverte de prospectus électoraux, les quelques militants de la section des Démocrates de gauche (DS) de la «Bolognina» hésitent avant de prendre la parole. Dans cette section demeurée historique dans les mémoires communistes parce qu'elle fut, en novembre 1989, le théâtre de l'annonce de la mort du PCI par le secrétaire général de l'époque, Achille Occhetto, et de sa transformation en une formation social-démocrate, la nouvelle de la mise en ballottage de leur candidate aux élections municipales de Bologne est vécue comme une nouvelle «blessure». «La première, ce fut l'abandon du PCI mais nous l'avons accepté, c'était inévitable», commence Maria Rosa Zoboli. «Puis il y en a eu d'autres, y compris lorsque D'Alema, pour aller au pouvoir, a dû faire alliance avec le centre-droit. Là, c'était le signe que nous commencions à céder».
«Une île bienheureuse». Depuis 1989 en effet, les ex-communistes sont représentés au sommet de l'Etat. Mais ils pourraient, pour la première fois depuis cinquante-six ans, perdre demain leur bastion de Bologne. Il y a quinze jours, leur jeune candidate Silvia Bartolini n'a obtenu que 46,6% des suffrages contre 41,5% pour son concurrent, Giorgio Guazzaloca, à la tête d'une «liste civique» soutenue par les partis de droite. «Le ballottage, ce n'est pas un drame», explique Carlo Santacroce, étudiant en architecture et membre du parti depuis dix ans. «Le vrai pro