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Libération

Les français entre deux feux à Mitrovica. Les Albanais leur reprochent leur passivité face aux Serbes.

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publié le 26 juin 1999 à 23h06

Mitrovica envoyé spécial

Pranvera Kelmendi ne sait à qui confier son désarroi. Depuis le matin, une sentinelle débordée assaillie de requêtes lui interdit l'entrée du quartier général français. Et sa confiance qu'elle avait placée en ces soldats accueillis il y a treize jours en libérateurs, un bouquet de fleurs à la main, s'émousse. Malgré la présence dans la ville des troupes de l'Otan, cette jeune Albanaise n'a toujours pas pu réintégrer son foyer. L'appartement dont elle a été chassée par les miliciens au début des bombardement se trouve dans les quartiers nord de Mitrovica, à une centaine de mètres de l'autre côté du pont qui enjambe la rivière Ibri. Bastion des nationalistes serbes.

Pillards en liberté. La veille, première tentative. Accompagnée de son père, l'étudiante en informatique se rend dans son immeuble. Arrivée sur le palier, la porte de son logement baille grande ouverte, forcée. «J'ai entendu des bruits à l'intérieur et suis allée chercher les militaires en faction dans la rue.» Les soldats renâclent à l'escorter. Pranvera insiste. «Finalement, un officier leur a donné l'ordre de me suivre.» Devant le porche, un camion stationne, chargé du mobilier des Kelmendi. Le chauffeur porte une veste en cuir appartenant au père. «La patrouille est intervenue, raconte-t-elle, les Français ont désarmé les trois voleurs.» Fauteuils et canapés réintègrent le salon. Mais les pillards sont laissés en liberté. «Une demi-heure plus tard, ils sont revenus et ont tout repris.