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Libération
Reportage

Face-à-face de haines à MitrovicaUn affrontement serbo-albanais évité de justesse samedi.

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publié le 28 juin 1999 à 23h05

Mitrovica envoyé spécial

Sur le pont qui enjambe l'Ibri, les soldats tricolores s'agitent, quelque peu débordés et un rien isolés. Par le sud, montant des ruines du quartier albanais, une manifestation d'importance fait mine de vouloir franchir la ligne de démarcation qui, depuis deux semaines, coupe en deux la ville de Mitrovica, sur la frontière entre le Kosovo et la Serbie. Au nord, massés au débouché de leur bastion, les miliciens nationalistes serbes prétendent disperser par la force cette marche pacifique dénoncée par leur chef comme «une provocation terroriste» de l'Armée de libération du Kosovo (UCK). La tension monte.

Face à la mosquée, une maigre ligne de gendarmes en chemisette peine à retenir la foule albanaise. Dans leur dos, ce sont les marsouins de l'infanterie de marine qui assurent, vaille que vaille, le maintien de l'ordre, mal à l'aise dans ce nouveau rôle. Suant sous leurs casques lourds, engoncés dans leurs gilets pare-balles, ils repoussent vers les trottoirs une centaine de radicaux yougoslaves dont certains portent des pistolets à la ceinture. Fort heureusement, du côté des manifestants albanais, la direction indépendantiste tient remarquablement bien ses troupes. Après quelques minutes de bousculade devant les caméras de télévision, elle estime avoir atteint son objectif et demande discrètement à son service d'ordre de relâcher la pression.

Appel au calme. La gendarmerie peut souffler. Jamais elle n'aurait tenu si l'UCK avait décidé de forcer le passage