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Libération
Reportage

La «peur du Russe» à Prizren750 soldats de Moscou doivent être déployés dans cette zone.

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publié le 28 juin 1999 à 23h04

Prizren envoyée spéciale

Le matin, c'est la question qui suit immédiatement les salutations d'usage. Toujours la même: «Et les Russes? Vous avez vu les Russes?» Depuis que l'accord de paix a été signé, le sud du Kosovo guette, chaque matin, l'arrivée des soldats de Moscou. «Pour nous, les Albanais, c'est comme attendre qu'on nous verse de l'eau bouillante sur une blessure», explique un dentiste de Prizren. Un professeur, lui, en rêve déjà: «On les supplie de venir nous sauver, comme les anges d'un temps meilleur.» Celui-là est serbe.

Mercenaires et pillards. Après les frappes de l'Otan, des volontaires de l'armée russe sont venus guerroyer aux côtés des frères serbes. Au nom de la solidarité slave. Ce renfort de soldats réguliers s'était grossi d'une faune de mercenaires, de paramilitaires, d'espions et de pillards atteignant en tout 5 000 hommes, si bien qu'après trois mois de conflit tout Russe portant une arme est devenu une figure mythologique, incarnation de la puissance du mal aux yeux des Albanais. Ou de celle du bien pour qui est serbe. C'est dans ce contexte tendu que, pour la première fois hier, il y avait «des nouvelles des Russes». Une équipe d'évaluation est attendue ce matin à Prizren pour préparer le déploiement de 750 hommes dans la zone. En l'annonçant, le commandant allemand Foevon Dorff avait le ton funèbre des messagers du pire. «C'est une décision politique. Il nous faut l'accepter.» Un couvre-feu est également instauré.

Il faut dire qu'ici tout le monde