Novi Sad correspondance
Nenad Canak, le président de la Ligue sociale-démocrate de Voïvodine, jouit d'une solide réputation de rebelle. En 1991, ce géant débonnaire organisait les mouvements de protestation contre la guerre en Croatie. Après avoir exigé, l'an dernier, la formation d'une commission d'enquête parlementaire sur les crimes commis dans la Drenica, au Kosovo, refusé de voter les lois scélérates sur l'université et l'information, il a été privé, à l'automne dernier, de son mandat de député. «J'avais dit à mes collègues du Parlement que cela ne me manquait pas d'aller à l'étranger, car il me suffisait de regarder les bancs de cette Assemblée pour me croire à La Haye» (siège du Tribunal pour les crimes de guerre, ndlr), raconte-t-il" Interview.
La levée de l'état de guerre offre-t-elle de nouvelles perspectives à l'opposition?
Cela ne change rien. Milosevic l'a instauré et l'a levé. Il l'imposera encore si nécessaire. Il y a dix ans que nous demandons son départ car c'est le plus grand criminel que le pays ait jamais porté, un véritable tueur en série. Son plus grand crime est d'avoir «désinstitutionnalisé» le pays et de l'avoir transformé en un culte sectaire sur un territoire. Aujourd'hui, il ne s'agit pas de démocratiser le pays, il faut «déprogrammer» la tête des gens. Quand les Serbes ont quitté Sarajevo (après les accords de Dayton), ils ont emporté leurs biens et même déterré leurs morts. En quittant le Kosovo, ils brûlent leurs maisons. Le plus grand crime du