Novi Sad correspondance
Ils gisent, le bec dans l'eau, leurs ailes de fer et de béton démantelées, symboles de la modernité déchue. Comme toutes les villes danubiennes, Novi Sad, la principale agglomération de Voïvodine, le grenier à blé de la Serbie, était reconnaissable à ses ponts. Les trois ouvrages d'art qui permettaient la circulation quotidienne de 100 000 personnes ont été anéantis par les avions de l'Otan. Leur destruction avait canalisé la colère de la population contre l'Occident. Leur reconstruction pourrait devenir l'enjeu d'une bataille contre le régime.
Autonomie confisquée. De même que toutes les grandes villes du pays, la municipalité de Novi Sad, située à 80 km au nord de Belgrade, est dirigée par une coalition de partis d'opposition. On y retrouve les partis classiques de la Serbie, le SPO (Mouvement serbe du renouveau) de l'ex-dissident Vuk Draskovic et le DS (Parti démocrate) de Zoran Djindjic, mais aussi les autonomistes de Voïvodine, dont l'autonomie a, comme celle du Kosovo, été confisquée par Slobodan Milosevic en 1989-1990. Pendant la guerre, la municipalité a géré la pénurie. Il fallait organiser le système de bacs entre les deux parties de la ville, réaménager en hôpitaux généraux les deux établissements hospitaliers situés d'un côté et de l'autre de la ville, trouver des citernes pour apporter de l'eau aux quartiers privés de tout. «Un cauchemar. Il y avait bien des citernes, mais pas d'essence pour les déplacer», raconte Gordana Draganic, une res