Faites du football, pas la guerre. Les Belgradois ont gaiement
tourné une page, hier, en franchissant les grilles du grand stade de la capitale pour assister à la finale de la Coupe de Yougoslavie par un après-midi ensoleillé. Sans se soucier des préliminaires et qualifications (quarts de finale, demi-finales) habituels à cette compétition, ce match opposait directement l'Etoile rouge et le Partizan, les deux clubs ennemis depuis la nuit des temps. Le Partizan a remporté cette Coupe par quatre buts à deux. Aussitôt, en signe de paix sociale, le titre de champion de Yougoslavie, interrompu pendant trois mois, a été attribué à l'Etoile rouge.
Plus curieusement, le club d'Obilic, une banlieue de la capitale, en tête au moment des raids de l'Otan, a disparu du classement. Son président, Zeljko Raznatovic, surnommé «Arkan», n'est pourtant pas n'importe qui. Epoux de Cesa, l'une des chanteuses les plus populaires du pays, il est lui-même tristement célèbre et populaire pour ses exploits sur tous les terrains de la purification ethnique. Chef d'une milice paramilitaire nommée les Tigres, il a prouvé une énorme et sanglante efficacité lors des différentes campagnes managées par Slobodan Milosevic depuis l'été 1991. Il se distingua notamment à Vukovar, en Croatie, puis à Zvornik, en Bosnie, et enfin tout récemment à Pec, au Kosovo, avec un égal réalisme. De là à penser que l'élimination de son club soit liée à sa mise en examen par le Tribunal pénal international au mois de mai, il n