Kosovo Polje envoyé spécial
Les Serbes n'avaient pas le coeur à fêter leur défaite. Face à la tour de moellons, mémorial de la bataille de Kosovo Polje, en 1389, le Champ de Merles est resté vide. Cernée par une impressionnante batterie de caméras, seule une poignée de popes est venue chanter, hier, un requiem tremblotant pour le salut du prince Lazar, héros de la nation serbe, sanctifié par l'Eglise orthodoxe, tombé sur cette colline en échouant à interdire l'entrée du Kosovo aux armées ottomanes. Une cérémonie sans âme, montée pour la circonstance par l'aumônier du contingent britannique de la force internationale de sécurité (Kfor) dans l'espoir de retenir les familles slaves tentées par l'exil. La présence du patriarche Pavle, descendu de Belgrade pour donner quelque relief à l'événement, n'aura guère attiré la foule. Moins d'une dizaine de fidèles, pour une centaine de journalistes, sont venus allumer un cierge devant la plaque commémorative en forme d'épées brisées.
Slobodan Milosevic avait débuté sa fulgurante ascension, il y a dix ans, au pied de ce monument, flattant l'hystérie nationaliste de plus de 1 million de manifestants. Et chaque anniversaire était, depuis, l'occasion d'une grand-messe destinée à raffermir l'alliance entre le nouveau maître de la Yougoslavie et sa base la plus radicale.
Emotion. Quand Lidjia Amidjic se souvient de ces rassemblements, elle est prise de frissons. L'émotion fait trembler sa voix. «Pendant plus de mille ans, les Serbes ont régné su