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Libération
Reportage

Van, étranglé par la «sale guerre». Dans cette ville du Sud-Est, les Kurdes rêvent de démocratie et de paix.

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publié le 30 juin 1999 à 23h01

Van envoyé spécial

Villages abandonnés, chars semi-enterrés dans les virages, camps retranchés de l'armée à flanc de collines: sur la route qui mène de Diyarbakir à Van les réalités de «sale guerre» que mène l'armée turque contre les rebelles kurdes du PKK sont bien visibles. La circulation y est interdite après 16 heures. Il y a une semaine, une vaste opération de ratissage faisait plus d'une trentaine de morts des deux côtés.

A moins de 100 kilomètres de la frontière iranienne, la ville de Van vit de souvenirs amers et de fragiles espoirs. Il fut un temps pas si lointain où cette province, «front» nord de la région sous état d'urgence depuis quatorze ans, prospérait grâce au tourisme et à l'élevage. Ces deux mannes ont disparu. Les éleveurs qui subsistent doivent, au printemps, charger leur cheptel sur des camions pour les mener aux pâturages d'été à plusieurs dizaines de kilomètres de là. La circulation hors des agglomérations et des grands axes est totalement interdite dans toute la zone. Sur les rives de l'immense lac de Van, les hôtels regrettent les visiteurs européens et ferment les uns après les autres. Les seuls «touristes» sont les villageois chassés par la «sale guerre». Van compte aujourd'hui au moins 500 000 habitants. Ils étaient 157 000 au début de la décennie. «Tout le monde sait qu'il y a dans notre région au moins deux millions de déplacés, mais on ferme volontairement les yeux sur ce problème», rumine-t-on à la mairie. Le maire, Sahabettin Özaslaner, nouv