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Libération
Reportage

Des habitations sont pillées, brûlées ou squattées. Pristina a feu plus qu'a sang Des paysans privés de ferme sont en quête d'un abri dans la capitale. Mais la criminalité baisse.

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publié le 2 juillet 1999 à 23h52

Pristina envoyé spécial

Le soleil disparaît, et les ombres s'épaississent. Sur fond de couchant écarlate, les hélicoptères de l'Otan entament leur ballet nocturne dans le ciel de Pristina. Cauchemar hollywoodien. Le bourdonnement des pales emplit le silence de la nuit, alors que de puissants projecteurs fouillent l'obscurité. Scalpels de lumière crue, ils dissèquent la ville sans pudeur, traquant les pillards, les incendiaires. Une lourde volute de fumée monte vers le ciel, comme aimantée par le faisceau. Sur les collines, les flammes jaunes d'un foyer au départ gagnent en vigueur, attisées par la ventilation des rotors. Quelques minutes auparavant, dans ce même quartier, le souffle de deux explosions faisait trembler les vitres du voisinage. La routine, pour ces parachutistes britanniques qui se ruent vers les lieux de la déflagration, guidés par le rayon venu des airs.

Pompiers volontaires débordés. Chaque soir, le feu illumine les hauteurs de Pristina. «Résultat probable de la tension interethnique», concède avec réticence le colonel Robin Hodges, qui préfère mettre l'accent sur la chute spectaculaire du nombre de crimes de sang ces derniers jours. Les incendies qui se multiplient sont donc relégués au rang d'«incidents mineurs», pour lesquels le porte-parole du contingent de la Couronne ne livre plus de données chiffrées. Pourtant, sur le terrain, les soldats ne cachent pas leur désarroi. «Toutes les nuits, trois ou quatre maisons partent en fumée dans notre secteur, reco