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Libération

En Serbie, début d'examen de conscienceDans la presse, certains réclament le procès des «criminels de guerre».

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publié le 2 juillet 1999 à 23h52

Belgrade correspondance

Libérée de la censure, la presse serbe commence à ouvrir le grand dossier tabou de la dernière guerre: le nettoyage ethnique des Albanais du Kosovo et les crimes de guerre. Elle le fait timidement. Elle n'a pas commencé ses propres enquêtes, et se cache derrière les propos tenus par certaines institutions prestigieuses, comme l'Eglise, qui a pris, au Kosovo même, la mesure des horreurs commises, et par certaines personnalités indépendantes.

Hauts dignitaires. Au milieu d'une multitude d'articles s'étendant longuement sur les représailles albanaises contre les Serbes qui par dizaines de milliers fuient la province, les premières révélations sont venues de l'Eglise orthodoxe, dont les plus hauts dignitaires sont descendus au Kosovo, siège de son patriarcat, pour partager les épreuves de ses prêtres et de ses fidèles persécutés. Mercredi, le quotidien indépendant Danas était le seul à donner une large place aux propos tenus par l'évêque de Prizren, Mgr Artemije, au monastère de Gracanica, accusant le président Slobodan Milosevic en personne «de tout le mal» fait au Kosovo, «au cours des dernières années et surtout des trois derniers mois». «Les Albanais ont souffert de sa politique et les Serbes ont disparu du Kosovo, a-t-il constaté. Nous qui vivons au Kosovo avons avec douleur observé les épreuves traversées par le peuple albanais et nous avons sincèrement déploré toutes les victimes innocentes.»

Flambeau nationaliste. Les propos du dignitaire orthodoxe