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Libération

Au Chili, Sola meurt sans retrouver la trace de son mari. Il avait été enlevé sous Pinochet. Elle cherchait ses restes.

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publié le 3 juillet 1999 à 0h07

Santiago du Chili, de notre correspondant.

Sola Sierra ne saura jamais la vérité. Depuis près de vingt-cinq ans, elle recherchait les restes de son mari, militant communiste enlevé le 15 décembre 1976, pendant la dictature d'Augusto Pinochet. Agée de 63 ans, Sola Sierra est morte jeudi à Santiago d'un arrêt cardiaque alors qu'elle subissait une intervention médicale.

Elle présidait depuis plus de dix ans l'Association des familles de détenus disparus (AFDD). La photo de son époux épinglée sur la poitrine, elle n'avait jamais hésité à affronter les autorités chiliennes pour leur poser sans cesse cette même question: «Donde están?» (où sont-ils?). Constituée principalement de femmes ­ les victimes de la dictature sont surtout des hommes ­, l'AFDD rassemble depuis une vingtaine d'années des informations sur les disparus de la dictature, en multipliant les procédures devant la justice pour tenter de savoir où se trouvent leurs corps. Sola Sierra avait notamment témoigné en 1996 en Espagne devant le juge Manuel Garcia Castellon, premier magistrat espagnol chargé du dossier Augusto Pinochet, et plus récemment devant la Chambre des lords. Elle n'avait jamais accepté de faire le deuil de son époux, estimant que celui-ci devait pouvoir reposer dans une sépulture digne de ce nom. Soutenue par ses trois enfants, Sola Sierra a fait le siège des tribunaux chiliens pendant dix ans. Mais un magistrat a décidé en 1986, en appliquant la loi d'amnistie, de clore le dossier de Waldo Pizarro.

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