Bruxelles (UE), de notre correspondant.
Berlin a sorti la grosse artillerie pour défendre l'allemand. Estimant anormal que la langue de Goethe ne soit pas reconnue comme «langue de travail» pour toutes les réunions, au même titre que l'anglais et le français, le chancelier Gerhard Schröder a annoncé que ses ministres boycotteraient les conseils «informels» organisés par la présidence finlandaise de l'Union européenne. Les Autrichiens ont décidé de faire de même pour le seul conseil «industrie» de ce week-end.
Changement de ton. Il s'agit d'une première dans l'histoire de la Communauté, ce genre de difficultés se réglant généralement discrètement entre diplomates. L'agacement allemand face à l'insolente domination de l'anglais, et, dans une mesure de plus en plus déclinante, du français, peut se comprendre. Principal pays de l'Union, démographiquement et économiquement, sa langue n'est guère mieux considérée à Bruxelles que le serbo-croate ou le lituanien. C'est dire. Avec l'adhésion de l'Autriche, en 1995, et l'élargissement prochain de l'Union à des pays appartenant à sa zone d'influence culturelle (Pologne, Hongrie, République tchèque), les autorités de Berlin considèrent que le moment est venu de hausser le ton.
Ce changement d'attitude est notable. Traumatisée par la défaite de 1945, l'Allemagne avait toujours mis un mouchoir sur ce type de revendication un peu trop nationaliste. Mais la République de Berlin n'est manifestement plus celle de Bonn.
Cela étant, Schröder s'est