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Libération

La chronique des valeurs. Plus dure sera la lutte. Au Sénégal, ce sport traditionnel est devenu un ascenseur social.

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publié le 5 juillet 1999 à 23h50

Dakar correspondance

Vous avez dit Tyson? Le boxeur américain? Non, au Sénégal, Tyson est un lutteur qui rêve de l'Amérique. Et qui fait rêver avec lui tous les jeunes Sénégalais. Car Mohamed Ndao, de son vrai nom, a conquis la gloire dans les arènes. Ce Sénégalais de 27 ans respecte tout le rituel de la lutte traditionnelle. A chaque combat, il s'arme de gris-gris, s'entoure de marabouts et s'enduit de liquides mystérieux pour se protéger contre le mauvais sort. Mais ce colosse de 1,92 m veille aussi à ce que son «job» lui rapporte de l'argent. Vêtu d'un tee-shirt rouge aux couleurs de son sponsor, une multinationale, naturellement. Lors d'une conférence de presse le mois dernier, il a avoué son voeu le plus cher: «Que les cachets des lutteurs sénégalais atteignent le niveau de ceux des boxeurs aux Etats-Unis.»

Signe que «Tyson» a la cote, il a fait revenir sur l'arène «Manga II», qui, après dix ans de règne sans partage, avait pris sa retraite en 1990. Mais que de difficultés pour organiser ce combat! Il a fallu violer le principe de la fraternité sérère, les deux lutteurs appartenant à cette même ethnie, et il a fallu aussi trouver les fonds qui satisfassent l'appétit de ces deux champions. «Manga II n'a plus rien à prouver sur le plan de la lutte, a expliqué Emile Wardini, le président de l'écurie sérère à laquelle appartient Manga II. S'il va dans l'arène à son âge, c'est pour gagner de l'argent.» Car celui qui porte le titre de «roi des arènes» a 42 ans et fait figure d