Khan Yunis envoyé spécial
Khamis Atiya met un genou à terre, se courbe à moitié et attrape un objet invisible, mimant ainsi une dernière fois un geste qu'il a répété pendant trois ans. Au bout de sa main, au lieu de l'habituelle tomate cerise, il n'y a que la poussière de son camp de réfugiés. Du jour au lendemain, l'homme se retrouve au chômage. Il était ouvrier agricole à Gadid, l'une des seize localités juives de la bande de Gaza. L'Autorité palestinienne lui interdit dorénavant de servir les colons. Sa carte magnétique, délivrée par l'armée israélienne et sans laquelle il ne peut franchir les barrages qui le séparent de son lieu de travail, vient de lui être confisquée par la sécurité palestinienne.
Il ne regrette pas ses patrons, mais s'inquiète pour l'avenir. A Khan Yunis, une ville parmi les plus pauvres de la bande de Gaza, les colonies fournissent les trois quarts des emplois disponibles. Reliées entre elles par des routes réservées, rassemblées dans un ensemble baptisé «Goush Qatif» (le «bloc de Qatif»), elles s'étendent le long de la mer jusqu'à la frontière avec l'Egypte. «Je suis heureux de partir. Ils nous traitaient comme des chiens. Je ne souhaite qu'une chose, c'est qu'ils s'en aillent. Bosser pour eux, c'était accepter leur présence. Mais il faut me trouver un autre boulot.» Il recevait 30 shekels par jour, soit 45 francs. Cela lui permettait tout juste de nourrir sa famille dans un territoire où les prix de la plupart des produits équivalent à ceux d'Israël.