Qirez envoyé spécial
Le dernier souvenir que la vieille Hajrije Xhema garde de sa fille Zahide, qui devait bientôt fêter ses 20 ans, remonte au 17 avril dernier quand toutes les deux, avec 22 autres femmes et enfants de leur hameau de Kozhice, avaient été enfermées par des paramilitaires serbes dans l'étable collective de Qirez, le bourg voisin. «Un homme en cagoule qui semblait leur chef avait d'abord appelé Antigone Dibrani, qui était la plus belle d'entre nous, puis d'un geste il fit aussi venir Zahide et six autres filles et femmes, dont trois d'un certain âge. Elles sont revenues un peu plus tard, terrorisées. Zahide n'osait même pas pleurer et elle me disait qu'ils lui avaient touché la poitrine. Puis ils les ont à nouveau fait sortir», raconte la paysanne.
Ce que fut Qirez. Depuis ce jour, elle n'a revu de sa fille que son corps putréfié par un long séjour dans l'eau. Elle l'a identifié grâce à ses vêtements, quand les soldats français de la Kfor l'ont sorti, en même temps que sept autres cadavres, de trois puits au centre de ce qui fut Qirez, 1 300 habitants, tous albanais, et 232 maisons, dont à peine une vingtaine sont encore habitables. Elle veut encore croire que Zahide a été tuée peu après être sortie de l'étable par les rafales qu'elle a entendues. Mais les premières estimations des médecins légistes français et de l'enquêteur canadien du TPI venus sur les lieux ne lui laissent guère d'espoir.
Quartier général. Les huit femmes ont été violées et, après 53 jours, j