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Libération

La guérilla famélique des Noubas. Au Soudan, le gouvernement islamiste tente depuis dix ans d'asphyxier la rébellion des Noubas, dont «l'armée» résiste en guenilles.

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publié le 8 juillet 1999 à 23h47

Monts Nouba, envoyé spécial.

Dans la plaine écrasée de chaleur, le bimoteur est déchargé à la va-vite. La compagnie n'a pas de nom, la piste d'atterrissage ne figure sur aucune carte et le pilote, un Blanc obèse en short, est anxieux: «Dépêchez, dépêchez.» Un oeil vers le ciel, il guette les obus de l'artillerie soudanaise, qui tombent serrés sur le secteur dès qu'un appareil vient ravitailler la rébellion. L'épave éventrée d'un avion du même type, à quelques pas, l'incite à accélérer le mouvement. Puis, porte à peine claquée, il remet les gaz. Cette fois, par chance, les artilleurs faisaient la sieste dans leur garnison, à quelques kilomètres. En file, cinquante porteurs et trente soldats, l'escorte du chef de la rébellion, Youssif Kuwa, allongent alors le pas entre les arbres secs, direction le massif montagneux. Sur les têtes, des boîtes de munitions, des ballots de vêtements d'occasion, du sel, du savon, l'essentiel des besoins d'une guérilla de peu. Le tout est fourni par les prêtres d'une des congrégations chrétiennes, qui ont fait des monts Nouba une terre de mission. Depuis le Kenya, leurs avions viennent discrètement livrer à la rébellion de quoi faire face au Djihad, la guerre sainte, que le gouvernement de Khartoum a décrété contre les Noubas et même peint en lettres géantes ­ «Kadugli Djihad!» ­ au flanc d'une montagne au-dessus de la ville de Kadugli, un peu plus à l'Ouest.

Citoyens de troisième catégorie. Trois heures sur des sentiers de chèvres et la colonne at