Moscou, intérim.
La Douma est peut-être en vacances, mais les députés communistes veillent. Nonobstant la chaleur caniculaire qui a envahi Moscou depuis le début du mois, une bonne partie de la fraction communiste a décidé de rester dans l'immense bâtiment près de la place Rouge pour monter la garde. Cette façon de passer l'été n'est pas nouvelle: depuis un beau matin d'août 1991, lorsqu'un «Comité d'Etat à l'état d'urgence» avait pris les manettes du pouvoir, les étés russes ne sont plus tout à fait les mêmes. Puis il y eut octobre 1993, les tanks devant la Maison-Blanche, alors siège du Parlement. Eltsine, coincé dans un bras de fer avec son Parlement, avait délogé de force les députés communistes qui s'y étaient retranchés. Désormais, la méfiance est de rigueur.
«On se prépare à tout», annonce impassiblement Viktor Ilioukhine, président communiste de la Commission de sécurité. «Nous avons plusieurs raisons de rester dans les murs: d'abord nous commençons à réfléchir concrètement à notre stratégie de campagne pour les élections parlementaires [de décembre], deuxièmement j'avais personnellement du travail à terminer, toujours dans l'optique de maximaliser nos chances de victoire électorale, et troisièmement le président [Eltsine] est imprévisible, il l'a prouvé maintes fois.»
En fait, le Parti communiste redoute avant tout deux choses: se faire interdire et que la momie de Lénine disparaisse de son mausolée pour un lieu encore inconnu. «Pour enlever la momie, ce n'est pas la p