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Libération

Sur les traces des prisonniers kosovars. Introuvables, des milliers d'Albanais sont détenus en Serbie.

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publié le 8 juillet 1999 à 23h48

Pristina, envoyé spécial.

Il porte toujours avec lui une chemise de carton gris avec quelques lettres en cyrilliques, écrites par un avocat serbe, payées à prix d'or, et une photo de son fils Shefri. Ce dossier, Rizah Fazliu l'avait pris dans sa fuite vers la Macédoine. Il l'a rapporté avec lui, il le montre maintenant à qui daigne y jeter un oeil, en quête de la moindre information sur son sort. Visage tanné par le soleil, il est là chaque matin dans la petite foule qui assiège la maison en briques au centre de Pristina où le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) a installé son «agence de recherche». «La seule chose que je sais de mon fils, c'est qu'il est toujours vivant et dans une prison de Serbie», assure le vieil homme qui profite des téléphones gratuits destinés au regroupement des familles pour appeler à Sremska Mitrovica, Likovac, Zajecar ou Pozurevac, des établissements carcéraux qui jamais ne répondent.

Otages de fait. Entre trois mille et cinq mille Albanais, peut-être même plus, sont actuellement prisonniers en Serbie, où ils ont été transférés parfois dans les tous derniers jours du conflit. Leur cas représente un véritable casse-tête juridique. Ils ne sont pas des prisonniers de guerre et rien n'est prévu dans les accords de paix à leur sujet. Otages de fait de Belgrade, ils n'en sont pas moins ressortissants d'une Yougoslavie dont la souveraineté formelle sur le Kosovo a été réaffirmée par l'ONU. Le CICR affirme avoir réussi à identifier 481 de ces dét