Bruxelles (UE), de notre correspondant.
A 11 heures 15, hier matin, la secrétaire d'Yves-Thibault de Silguy entre, les yeux embués, dans la salle de réunion de la Commission européenne. Celle qui le suit fidèlement depuis treize ans lui apporte une mauvaise nouvelle: une dépêche de l'AFP annonçant que le président de la République a finalement choisi le sénateur RPR Michel Barnier pour lui succéder. Même s'il se doutait depuis lundi matin que son avenir à Bruxelles ne s'annonçait guère radieux, le commissaire chargé de la monnaie unique n'en est pas moins estomaqué d'apprendre son sort par voix de presse. De retour dans son bureau, légèrement secoué, il entend son téléphone sonner: Jacques Chirac s'est enfin résolu à l'appeler pour lui assurer qu'il ne le laisserait pas tomber. On parle effectivement de la présidence de la Banque européenne d'investissement (BEI) pour celui qui n'a pas démérité à son poste, à la différence d'Edith Cresson, l'ancien Premier ministre socialiste, emportée par les affaires de népotisme et de mauvaise gestion. Elle aussi, évidemment, n'est pas reconduite, contrairement aux espoirs qu'elle entretenait encore en septembre dernier, avant que la presse ne révèle ses pratiques singulières. Le Premier ministre a choisi l'actuel numéro 2 du Crédit Lyonnais, Pascal Lamy, en lieu et place du favori, Jack Lang, qui n'a pas apprécié que Romano Prodi, le président désigné de la Commission européenne, ne lui propose qu'un portefeuille de «l'intelligence» sans