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Libération

A Srebrenica, «il ne s'est rien passé en juillet 1995». Quatre ans après, les Bosno-Serbes nient toujours le massacre de milliers de Musulmans.

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publié le 10 juillet 1999 à 23h46
(mis à jour le 10 juillet 1999 à 23h46)

Srebrenica, envoyé spécial.

«Il ne s'est rien passé ici en juillet 1995" Je n'ai jamais entendu parler de massacres de Musulmans. Le 7 janvier 1993, lors du Noël orthodoxe, des civils serbes ont été assassinés par des soldats bosniaques. En 1995, j'ai été absent deux mois" Non, c'était une année" Je ne sais plus, je ne sais rien"» Emprunté, l'homme d'une soixantaine d'années retourne scier du bois. Sa maison donne sur le vaste entrepôt de Kravica, à quelques kilomètres de Srebrenica. Selon le Tribunal pénal international sur l'ex-Yougoslavie (TPI), c'est dans ce bâtiment aujourd'hui noirci et à moitié détruit que «des soldats bosno-serbes placés sous le commandement du général Radislav Kristic (bras droit du général Mladic, ndlr) ont sommairement exécuté des centaines d'hommes musulmans" Ils ont utilisé des armes automatiques, des grenades à main et d'autres armes pour tuer les Musulmans de Bosnie à l'intérieur de l'entrepôt», précise l'acte d'accusation du TPI.

Entre le 10 et le 18 juillet 1995, des milliers de Musulmans bosniaques ­ entre 7 000 et 10 000 ­ ont été assassinés dans cette enclave pourtant déclarée «zone de sécurité» par les Nations unies. Ce fut le pire massacre de la guerre en Bosnie. Potocari était la base des Casques bleus hollandais, là où les 12 et 13 juillet, les familles ont été triées, séparées et des milliers d'hommes, d'adolescents et parfois de femmes conduits à la mort, sous la supervision du commandant des forces bosno-serbes, Ratko Mladic. «Il éta