Caracas, de notre correspondant.
«Vous êtes un dictateur, vous menacez à la manière des mafiosos tous les pouvoirs constitués. Vous faites lever la haine, vous violez la Constitution, et votre discours passéiste ramène le Venezuela au XIXe siècle.» Le président Hugo Chavez a vécu un sale moment, le 5 juillet dernier, dans l'enceinte rococo du Congrès où il participait à la commémoration du 188e anniversaire de l'indépendance, la fête nationale du Venezuela. Son accusateur et orateur de la cérémonie, l'historien Jorge Olavaria, qui, il y a encore quelques mois, était l'un de ses plus serviles thuriféraires, a planté une dernière banderille assassine. «Je demande solennellement à la Cour suprême de justice d'entamer contre vous une procédure de mise en jugement avant que vous n'ayez fini par tous nous anesthésier.»
Positions irréconciliables. Au-delà de l'enflure sémantique, l'incident a l'avantage d'avoir mis à nu ce qu'ont désormais d'irréconciliable les positions d'une partie du législatif et de l'exécutif. «Chavez, c'est vrai, s'assied allégrement sur la Constitution actuelle, qu'il considère comme "moribonde, observe, un brin choqué, un diplomate européen en poste au Venezuela, mais ses adversaires, qui ont ruiné le pays depuis quarante ans, n'ont pas l'autorité morale pour lui faire la leçon. C'est l'hôpital qui se moque de la charité.» Leurs attaques n'ont d'ailleurs pas entamé la sérénité du chef de l'Etat. Compulsant avec ostentation un ouvrage sur l'art de la guerre,