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Libération

Les civils congolais sortent des forêts. Le recul des rebelles permet leur retour à Brazzaville.

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publié le 10 juillet 1999 à 23h46

Samba-Alphonse, envoyé spécial.

La vie s'arrête au-delà du pont du Djoué. Une fois franchi cet affluent du Congo, il n'y a plus que des cases brûlées, des maisons de torchis saccagées. Le grondement du fleuve couvre un silence de mort. De temps en temps, un «bouchon», un barrage monté par des hommes en armes. Le premier est tenu par des soldats angolais, venus soutenir le régime du président Sassou Nguesso. Ils sont corrects, se bornent à contrôler les autorisations. Après commence le royaume des pillards, des miliciens «cobras».

Depuis fin mai, Robert Goma-Debat fait le voyage en camion tous les matins. Originaire du Pool, la province autour de Brazzaville, il travaille pour Caritas. Un second camion le suit, financé par l'Union européenne. «On ramène les civils qui sortent de la forêt», dit-il, comme s'il était banal de s'imaginer que quelqu'un surgisse de ce décor de désolation. Devant l'Institut du développement rural, mis à sac, un groupe de Cobras arrête les camions. Ils veulent monter pour «aller au travail», poursuivre le pillage plus loin. En treillis et T-shirt, sandales en plastique aux pieds, ils s'agrippent aux ridelles.

Planté à l'entrée de la bourgade, un blindé bleu de la gendarmerie nationale, naguère le fleuron de la coopération militaire française, signale Nganga-Lingolo, à 20 kilomètres au sud de Brazzaville. Il n'y a plus un seul habitant. Assis sur des casiers de bière, des Cobras plantent leurs dents dans la pulpe filandreuse de longues tiges de canne à s