La rue, cette rue que le régime islamique a pendant vingt ans si étroitement contrôlée et maillée de ses forces de l'ordre, vient de faire irruption dans les luttes pour le pouvoir à Téhéran. Jamais depuis l'avènement de la République islamique, en 1979, les manifestations de protestation n'avaient connu une telle ampleur. Le quotidien de langue anglaise Iran Daily le reconnaissait hier: «La révolution fait face à une crise grave. L'incapacité de notre grande révolution à savoir comment s'y prendre avec ses enfants sur un campus universitaire a choqué la communauté internationale.» Cette irruption de la rue n'est pas tout à fait inattendue. Les universités étaient depuis de longs mois en ébullition, avec des affrontements sporadiques entre les partisans du président Mohammed Khatami et les groupes d'islamistes radicaux. Le baril de poudre était prêt. Manquait l'étincelle. Celle-ci a été la fermeture du quotidien Salam, un des organes de l'aile gauche du régime, partisan du président iranien, à laquelle s'est ajoutée la menace d'une loi limitant gravement la liberté de la presse. A ce jour, la montée brutale de la colère estudiantine n'a pas débouché sur une remise en cause du système islamique. Dans les manifestations, on remarque un grand absent: l'opposition laïque ou musulmane libérale. Une presse turbulente. Pour les étudiants, la défense du quotidien Salam apparaît d'autant plus fondamentale que la liberté de la presse est l'une des rares réformes pouvant être mises à l
Analyse
Au nom de la liberté de la presse
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publié le 12 juillet 1999 à 23h44
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