Les Marocains ont le succès modeste. Sans bruit ni déclarations
fracassantes, et, du coup, sans réaction hostile majeure, ils ont réussi à mettre la France à l'heure ou, selon les plus critiques, «aux stéréotypes» du Maroc. On est loin du fiasco du «Temps du Maroc» d'il y a dix ans et de la crise politico-diplomatique qui s'ensuivit. C'était l'époque où Notre ami le Roi, réquisitoire et pamphlet de Gilles Perrault consacrait, à plus de 100000 exemplaires, un régime et un monarque infréquentables pour cause de bagne de Tazmamart et de détention des damnés de Kenitra, de la famille Oufkir ou de Abraham Serfaty. L'époque où Danielle Mitterrand refusait d'accompagner son mari en visite officielle dans le royaume. Le temps aussi où le PS se voyait reprocher ses amitiés pour le front Polisario. L'épilogue verra l'annulation des festivités prévues en 1990-1991 et une tension qui se dénouera avec l'envoi à Rabat de Roland Dumas, alors ministre des Affaires étrangères, mais surtout ami de Mitterrand.
On en est loin aujourd'hui. Il faut dire qu'entre-temps Hassan II, soucieux d'éviter une explosion populaire, a fait appel à la gauche socialiste pour mener une «ouverture» dont il contrôle l'évolution au plus près. De réelles mesures ont été prises pour tourner la page des «années de plomb». Et cela même si certains dossiers demeurent en suspens et si, en la matière, tout le monde à Rabat,ne parle pas à l'unisson, comme en témoignent le cas d'Abraham Serfaty ou l'interdiction du congrès