A son sixième jour, la révolte étudiante a débordé ses leaders pour
se transformer, hier à Téhéran, en une journée d'émeutes avec des batailles rangées entre manifestants et forces de l'ordre et des attaques contre les symboles du pouvoir islamique. Comme la veille, les heurts ont repris devant l'université avant de s'étendre à d'autres quartiers, notamment les abords du bazar où des milliers de boutiques ont fermé par peur des incidents. Deux autobus ont été incendiés. Dans le centre-ville, les administrations, les banques, les stations-service ont aussi fermé. Les transports publics ont suspendu leurs services. Des milliers de bassidji, les volontaires islamiques, habillés en civil, ont dû prêter main forte aux forces anti-émeutes pour reprendre le contrôle de la rue aux «agitateurs». Tout rassemblement avait été interdit par la préfecture de Téhéran.
Pour la première fois, les manifestants, qui ne représentent qu'une tendance de la révolte (lire ci-contre), ont crié leur haine du régime avec des slogans comme l'Iran n'en avait jamais entendu depuis la révolution. Ils ont conspué le guide de la révolution, l'ayatollah Ali Khameneï, scandant «Ali Pinochet, l'Iran ne sera pas le Chili», «mort au dictateur» ou «les gens sont misérables mais les religieux se comportent comme des dieux». Les forces de sécurité ont réussi à repousser des assaillants qui tentaient de pénétrer dans le quotidien conservateur Kayhan. Par ailleurs, la radio d'Etat a accusé les manifestants d'avoir inc