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Libération

Du bagne au goulag, tourisme dans la vieille prison de Moscou. La geôle des Boutyrski a ouvert son musée. ça marche.

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publié le 14 juillet 1999 à 23h53

Moscou, de notre correspondant.

Créé en 1971 à usage interne, c'est-à-dire policier, le musée de la prison des Boutyrski est désormais ouvert au public. Vous prenez rendez-vous par téléphone et, le jour dit, à l'heure convenue, vous vous présentez à la porte de cette prison, l'une des plus anciennes de Moscou, aujourd'hui devenu un «ciseau», c'est-à-dire vouée à la détention préventive, ce qui, en Russie, peut durer plusieurs années. Passée une première grille au couinement effroyable, vous patientez dans un sas pas très engageant et puant quelque peu l'humidité dont témoignent les murs lépreux. Les grilles, dont les barreaux dessinent des coeurs, s'ouvrent et se ferment dans un vacarme épouvantable, laissant entrer ou sortir des juges d'instruction, des hommes en uniforme. Avec un léger froid dans le dos, vous songez à tous ces gens célèbres qui ont croupi dans ces geôles sous Staline et n'en sont sortis que pour partir au goulag ou recevoir une balle dans la nuque.

Un gradé vient enfin prendre livraison des visiteurs. Par un dédale d'escaliers et de couloirs fatigués, vous atteignez un bureau où vous achetez votre billet (100 roubles pour les étrangers, soit 30 francs, et 50 roubles pour les Russes), et, avant même d'entamer la visite, on vous propose d'acheter des souvenirs: boîtes, coffrets ou mâles figurines lubriques (un sexe en érection sort du pantalon quand vous le soulevez). «C'est fait par les détenus avec de la mie de pain», insiste la vendeuse en uniforme. Ensuit