El-Harrach, envoyé spécial.
S'il n'y avait pas l'interphone muni d'une caméra vidéo et la porte en bas de l'escalier qui ne se déverrouille qu'après vérification, l'étude de Me Mahmoud Khelili ressemblerait à tant d'autres dans les faubourgs populaires d'Alger. La pièce principale, fraîche et sombre derrière des volets fermés, est envahie de dossiers. Le bureau, massif, est un entrepôt de feuilles volantes où seuls les petits gâteaux secs et les verres de thé semblent avoir une place permanente. Le désordre correspond à celui de la justice algérienne. «On n'a jamais vu le texte de la grâce présidentielle, dit Me Khelili. On ne sait pas sur quelles bases les prisonniers ont été libérés.» Sur les 5 000 islamistes qui devaient être élargis, seulement 2 300 sont aujourd'hui sortis des cellules.
Dossiers vides. La confusion a été érigée en système. Dans le discours officiel, la grâce du 5 juillet est assimilée à une amnistie partielle, d'autant plus facilement qu'une «grâce amnistiante» avait été inventée du temps du président Chadli Bendjedid. La grâce est accordée à une liste nominative de prisonniers dont, en principe, les dossiers ont été examinés. Mais les dossiers des vrais ou faux islamistes, communément appelés «les gens de la spéciale» pour avoir été condamnés par des cours spéciales peu soucieuses de détails, sont souvent vides. Alors, qui a été libéré? Officiellement, des «condamnés pour des faits en rapport avec le terrorisme, non coupables de crimes de sang». En ré