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Libération

Le retour des allumeuses suédoises. Face à la loi qui punit leurs clients, les prostituées se sont organisées.

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publié le 17 juillet 1999 à 23h57

Stockholm, de notre correspondant.

Timidement, elles reviennent. A la faveur de l'été, les prostituées suédoises se réapproprient la rue. L'épouvantail d'une nouvelle loi en avait chassé leurs clients en début d'année. Car la simple tentative d'acheter des services sexuels peut désormais valoir jusqu'à six mois de prison. La prostituée, elle, ne risque rien. Mais les rues s'étaient vidées.

Sur Malmskillnadsgatan, la principale artère stockholmoise des plaisirs tarifés, les filles sont de retour. Moins nombreuses, moins statiques. «Plus que le beau temps, c'est le sentiment d'impunité qui nous ramène sur le trottoir.» Teresa analyse froidement la situation. Prostituée depuis huit ans, cette transsexuelle aux épaules larges et à la voix cassée, spécialiste de marketing dans une autre vie, avait anticipé la loi. Il y a sept mois, elle distribuait des petits cartons sur les pare-brise pour vanter ses services et recruter de nouvelles filles. «Il fallait bien s'organiser.»

Peu d'arrestations. Dans son appartement en désordre de la banlieue nord de Stockholm, moulée dans une robe crème, elle consulte son vieux cahier à couverture bleu-gris, le même qu'il y a six mois. Les références de clients s'alignent page après page, avec leurs codes. «J'ai surtout perdu les retraités et les veufs, calcule Teresa. Les premiers mois ont été durs. Morne plaine. Je n'ai eu que les pires des clients, les vachards. Les autres, les sympas, n'osaient plus venir.» Depuis mai, ils reviennent pourtant. L