Strasbourg, envoyé spécial.
La démocratie européenne se construit à grande vitesse dans la plus parfaite improvisation. Le Parlement de Strasbourg en est l'acteur principal et, telle la créature de Frankenstein, il a échappé à ses concepteurs. Ou plutôt à son concepteur: car c'est l'ex-chancelier allemand, le démocrate chrétien Helmut Kohl, qui s'est battu souvent seul et essentiellement contre la France afin d'accroître les pouvoirs de l'Assemblée. Son but était de combler le «déficit démocratique» dont souffre la construction communautaire depuis ses origines, la Commission et le Conseil des ministres, réunissant les quinze gouvernements de l'Union, n'étant redevables devant les peuples qu'au second degré (1). Les traités de Maastricht, en 1992, et d'Amsterdam, en 1997, portent sa marque: Kohl a réussi à hisser ce Parlement, élu au suffrage universel depuis 1979, presque au même niveau que le Conseil des ministres. Restait à cette Assemblée à affirmer son existence politique autonome,. Elle l'a fait au cours des trois dernières années.
«Vache folle». La commission d'enquête parlementaire sur la «vache folle», en 1996-1997, qui a montré comment la Commission avait dissimulé la gravité de la crise pour ne pas nuire à son projet de grand marché intérieur, a été le premier signe de cet éveil à la démocratie de l'Union. Pour la première fois, l'exécutif bruxellois était soumis à un véritable contrôle. La démission de la Commission, exigée par le Parlement à la suite des révé