Strasbourg (UE), envoyés spéciaux.
Mauvais présage: mardi matin, jour de rentrée des députés européens, des écologistes proposent du café. Chauffé à l'énergie solaire. Aïe! Y aurait-il un problème d'électricité? Foin de mauvais esprit: vu de l'extérieur, le tout nouveau, tout beau, tout lumineux Parlement européen, est une merveille. A couper le souffle. Une cathédrale de verre et d'acier dédiée à la démocratie et à l'Europe. Mais derrière la magnifique carte postale, quel désastre!
Un architecte fou, qui n'a manifestement pas l'intention de vivre en ces lieux, a frappé. Un entrelacs de couloirs, de passerelles, d'ascenseurs et de lianes (mais juste pour la déco), de portes qui n'en sont pas, font de cet immeuble un labyrinthe cauchemardesque qui suinte le mépris à l'égard des occupants. «Le confort intérieur du bâtiment n'est pas à la hauteur de son magnifique extérieur», a reconnu la présidente de l'Europarlement, Nicole Fontaine. «C'est un symbole malheureux pour l'Europe», se désole Lousewies Van der Laan, députée néerlandaise libérale. «On construit puis on se demande après si c'est de cela que les gens ont besoin.» Certains eurodéputés ont déjà trouvé un surnom à ce bâtiment kafkaïen: Alcatraz.
Minimalisme. De fait, le cabinet Architecture Studio a réussi un exploit: alors que l'extérieur inspire la lumière et la communication, l'intérieur est sombre et cloisonné. Les couloirs sont interminables et oppressants, la plupart du temps peints de rouge ou noir, couleurs angoiss