Voilà treize ans qu'un président français n'avait pas mis les pieds
en Guinée. Mais ce ne sont pas les quelques 20 heures qu'aura passé Jacques Chirac à Conakry qui bouleverseront les relations franco-guinéennes. Certes, le président français a remis sa propre légion d'honneur au président Lansana Conté. Et, sur la route qui va de l'aéroport au Novotel où, faute de palais digne d'accueillir les dignitaires des deux nations, s'est concentrée l'activité diplomatique, l'accueil des Guinéens fut chaleureux. Y compris celui de l'opposition dont les militants attendaient Jacques Chirac avec une pancarte «Libérez Alpha Condé». L'opposant, candidat aux élections présidentielles de décembre 1998, est en prison depuis 7 mois, soupçonné de «tentative d'usage illégal de la force». Plutôt que de s'entendre sermonner par un Chirac qui a fait de «l'enracinement dans la démocratie» l'un des thèmes de sa tournée dans la région, Conakry a annoncé, la veille de l'arrivée du président français, qu'Alpha Condé aurait droit à un procès en septembre. Jacques Chirac a donc pu éviter de froisser ses amis guinéens, quitte à lâcher sur les principes: «La France n'est pas devenue une démocratie du jour au lendemain ["] Il y a un rythme africain, il faut le respecter.»
«Autiste». C'est qu'on n'aime pas, ici, que l'ancienne puissance coloniale fasse la leçon. Sekou Touré est mort mais il reste dans les mémoires quelque chose de l'orgueilleuse intransigeance du leader marxiste: «Nous préférons la pauvreté d