Mitrovica, envoyé spécial.
C'est une petite rue pauvre nichée sous l'église orthodoxe de Mitrovica, au nord du Kosovo. Lorsque les Albanais sont revenus en ville, une dizaine de familles serbes sont restées là. Désormais, elles ont peur. Assises à l'ombre, une poignée de vieilles femmes montent la garde. La matinée touche à sa fin, une patrouille de trois gendarmes français passe, comme presque tous les jours. Les dames se lèvent, viennent bavarder. Le «chef» Fau se trompe, leur dit bonjour en albanais et se reprend: «Dobar dan.» Jets de cailloux. La jeune fille qui parle anglais arrive. Elle relate les incidents des dernières heures. Il vient de s'en produire un. Les gendarmes s'en vont frapper chez Simic Milozad. Son fils, suant l'angoisse, hésite à ouvrir. Le père reçoit la maréchaussée en pyjama. Il sort de l'hôpital et des enfants l'ont insulté et menacé avec des cailloux alors qu'il rentrait chez lui. Il les connaît, ce sont des gosses du quartier. 12 et 8 ans, des Albanais. Les gendarmes acceptent un café. On pourrait être en Auvergne ou en Bretagne pour une querelle de voisinage. On est au Kosovo et «la haine imprègne tout le monde», constate le «chef» Fau, avec son accent de Perpignan.
A Mitrovica, 125 gendarmes tentent de recoudre cette société déchirée avec une idée simple, la loi. «On ne peut agir que s'il y a une plainte. Venez faire une déposition à la brigade», explique l'un d'eux. Et les gens viennent. En plein centre-ville, la gendarmerie s'est installée da