Bangkok de notre correspondant
Sirima, 22 ans, est fonctionnaire dans un ministère économique thaïlandais. En charge des relations publiques, elle apprécie l'ambiance conviviale du travail et la diversité des interlocuteurs. A 17 ans, Parinya est déjà un champion réputé de boxe thaïlandaise qui se produit aux quatre coins du pays. Aed, elle, est coiffeuse dans un salon populaire de Samut Prakarn, une ville de la banlieue sud de Bangkok. Trois vies apparemment dissemblables mais qui pourtant se rejoignent: Sirima, Parinya et Aed sont toutes trois ce que les Thaïlandais appellent des kathoeys, c'est-à-dire des transsexuels ayant ou non déjà subi l'opération qui les transforme totalement en femmes.
Naturel non affecté. Ces personnes dont le «sexe psychologique» est l'inverse du sexe anatomique continuent à étonner en Occident. Mais en Thaïlande, leur présence ne choque personne. Dans les villages ruraux de la plaine centrale ou dans les tours de bureaux de Bangkok, elles sont acceptées pour ce qu'elles sont des «femmes du second type» selon l'expression commune et ont leur place dans le corps social au même titre que les muets ou les milliardaires.
«Elles sont jolies et ne causent pas de troubles. Si elles travaillent bien et se comportent correctement, elles obtiennent vite la confiance de leurs collègues», explique Suwatana Aribarg, psychiatre spécialisée dans les questions de transsexualité. Sirima a dû se «déguiser» en garçon quand elle est venue postuler à un emploi de f