Dakar de notre correspondante
Bouna Wade a disparu. Le rescapé du vol Dakar-Lyon qui avait voyagé en janvier dernier, blotti dans le compartiment du train d'atterrissage d'un Airbus, a quitté le domicile familial il y a un peu plus d'un mois. Depuis, sa famille le cherche désespérément et craint qu'il ne veuille encore risquer l'impossible pour parvenir en Europe. Car Bouna que l'on avait trouvé à l'arrivée, à l'aéroport de Lyon-Satolas, dans le coma et en état d'hypothermie, mais vivant, n'en était pas à son coup d'essai. L'année dernière, ce jeune Sénégalais avait déjà pris l'avion clandestinement. La première fois il s'était retrouvé en Côte-d'Ivoire et la deuxième fois au Brésil. «Mais c'était pas la même chose, nous avait-il précisé, c'était des avions cargo, un Boeing 737 et un Boeing 747.» Et, à chaque fois, le dénouement de ces escapades fut identique: le refoulement.
Guère armé pour la vie. Partir, Bouna n'a que ce rêve en tête. Et après son retour au Sénégal en mars, il répétait sans cesse de sa voix douce: «Je veux retourner en France.» A 18 ans, Bouna n'est pourtant guère armé pour la vie. Il a fait l'école jusqu'en CM2. Il n'a jamais travaillé et habite avec sa famille un petit appartement, aux Parcelles assainies, un quartier populaire de Dakar où les rues sont de simples chemins ensablés. Et c'est là qu'il passait ses journées, désoeuvré, en compagnie de ses frères et soeurs tous plus âgés que lui, et de son père, un gendarme à la retraite respectueux de la l