Depuis deux bonnes années, un âpre combat politico-juridique
opposait le président Boris Eltsine à la Douma, la chambre basse du parlement dominée par les communistes et les nationalistes. Au coeur de la polémique, l'épineux mais fabuleux trésor que constituent les quelque 55 000 peintures, dessins et sculptures rapportées en 1945 en Russie par l'armée Rouge, des oeuvres en partie réquisitionnées ou annexées par le régime nazi allemand. Sans compter un bon million de livres dont un bon paquet d'incunables et des kilomètres d'archives. Ces oeuvres avaient été versées dans les fonds secrets des musées et bibliothèques soviétiques en 1946 et, depuis, elles «n'existaient» plus. Jusqu'au tournant des années 1993-1995, où l'Etat russe finit par reconnaître l'existence de ce trésor, jusqu'à le revendiquer lors de mémorables expositions à l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, au musée Pouchkine de Moscou ou, récemment, au musée des Beaux-Arts de Nijni-Novgorod.
Par wagons. Des wagons accrochés à un train de l'armée Rouge avaient ainsi échoué en gare de Nijni-Novgorod, au bord de la Volga, à la fin de la guerre. A l'intérieur: des livres, des tapisseries (dont des Gobelins), et 152 oeuvres d'art parmi lesquelles figuraient un Goya, un Degas, un Manet, un Corot, un Greco, etc. Des pièces provenant de collectionneurs hongrois d'origine juive et des livres venant du monastère hongrois de Charok Patak. Certaines oeuvres disparurent (tapis, bibelots), la plupart constituèrent des fonds secrets.