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Libération

L'amertume des victimes de l'attentat de NairobiUn an après l'explosion devant l'ambassade des Etats-Unis, elles n'ont reçu aucun dédommagement.

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publié le 7 août 1999 à 0h24

Nairobi de notre correspondant

Rose Wanjiru Mwangi, un an après l'attentat, n'est plus sûre que d'une chose: «Je suis différente.» Différente à cause de sa mémoire effacée, de ses peurs continuelles. Différente aussi à cause de ses yeux abîmés, qui clignotent sans cesse derrière les loupes épaisses de ses nouvelles lunettes. «Je marchais dans la rue, près de l'ambassade. Soudain, j'ai été soufflée, projetée à terre et une pluie de verre s'est abattue sur moi. Ensuite, je ne me souviens plus. Je suis restée longtemps terrée chez moi avant d'aller à l'hôpital, des coupures plein le visage. J'avais du verre dans les yeux, mais je ne pouvais plus sortir dans la rue sans avoir peur, à en hurler.»

Un an après l'attentat à la bombe contre l'ambassade des Etats-Unis à Nairobi qui a coûté la vie à au moins 214 personnes et en a blessé plus de 5 000 autres, le bilan est amer. L'étrange euphorie d'août dernier, qui avait fait croire au pays qu'il venait de ressouder son unité dans le drame, s'est rapidement évaporée. Pour le jour même de la commémoration, quatre services religieux différents, dont le plus important est d'ailleurs assuré par un prêcheur venu d'Inde, se disputent le titre de cérémonie officielle.

Pour ce premier anniversaire, les victimes sont probablement les seules à rester affectées. En ville, les traces de l'attentat ont déjà pratiquement disparu. Les ruines de l'ambassade ont été abattues et l'immeuble de la Co-op bank, dont les vitres pulvérisées ont fait tant de bles