Prerow envoyée spéciale

«Nous vous rappelons que ceci est une plage textile. Les plages nudistes sont plus loin.» Sur la plage de Prerow, jolie station balnéaire de l'est de l'Allemagne, les vacanciers sont bercés par les rappels à l'ordre des haut-parleurs. Les maîtres-nageurs n'ont pas seulement à veiller ici sur les bambins qui s'égarent ou sur les nageurs qui présument de leurs forces. Ils doivent aussi surveiller la tenue de bain de leurs hôtes, dernier terrain de conflit estival entre Allemands de l'Est et de l'Ouest.

Identité. «La guerre des culottes fait rage sur la mer Baltique», ont rapporté plusieurs quotidiens allemands, forçant un rien le trait pour corser leurs pages d'été. Les Allemands de l'Est, qui reviennent se baigner ici chez eux après avoir goûté des plages de Majorque longtemps interdites, aiment bronzer tout nus, affirmation de soi très répandue en RDA. Les Allemands de l'Ouest, de plus en plus nombreux à découvrir qu'avec la réunification la RFA s'est aussi agrandie de splendides plages de sable fin, prétendent les conquérir en maillot.

De grands hôtels, construits sur la côte pour attirer une clientèle plus fortunée souvent originaire de l'ouest du pays, réclament des plages textile, leur clientèle n'appréciant pas l'étalage de sexes de leurs congénères. Les Allemands de l'Est se hérissent, protestant qu'on attaque là un morceau de leur identité. «Les vacances nues pour nous, c'est la chose la plus normale du monde. Nous avons été élevés comme ça. Nous