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Libération

La Guinée enterre les «martyrs de l'Afrique» Le pays a offert aux deux jeunes clandestins retrouvés morts dans un avion de la Sabena des obsèques quasi nationales.

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publié le 9 août 1999 à 0h24

Conakry envoyée spéciale

C'est un véritable cortège officiel qui a accompagné de la morgue à la Grande Mosquée de Conakry les corps de Yaguine Koïta et Fodé Tounkara, les deux jeunes Guinéens retrouvés morts de froid dans un train d'atterrissage d'un avion de la Sabéna à Bruxelles (Libération du 4 août). En tête, des motards engoncés dans des cirés avancent lentement. Derrière suivent le corbillard, les voitures des membres du gouvernement et les minibus transportant les familles. Une fois arrivé dans le parc qui entoure la Grande Mosquée, tout le monde se précipite à l'intérieur du lieu de prière. Il tombe une pluie diluvienne.

Des jeunes Guinéens, des filles comme des garçons, tous parents ou amis des deux adolescents qui ont péri en tentant de réaliser leur rêve fou de gagner l'Europe, sont vêtus simplement. Beaucoup d'entre eux portent un mince t-shirt blanc d'où se détachent, au-dessus des photos de Yaguine et Fodé, ces mots imprimés en noir, «les Martyrs de l'Afrique». «C'est pour exprimer notre attachement à la mémoire des victimes, explique Iarara. Ils ont servi de porte-parole pour livrer un message de l'Afrique.»

De nombreux habitants de Conakry s'étaient massés en silence au bord de la route tandis que le cortège funèbre traversait la ville. A la mosquée, ils sont des centaines de fidèles à se recueillir pour une prière de cinq petites minutes, avant l'inhumation dans le grand cimetière de Caméroun. Des proches n'ont cependant pas pu venir car leur quartier de Yim