Ankara correspondance
Le médias turcs se chargent charitablement de prévenir le public que les lunettes de protection sont indispensables pour regarder l'éclipse, mais personne ne les a encore vues et nul ne sait où les trouver. A Istanbul, certains magasins d'optique affichent en vitrine depuis hier des morceaux de verre noirci ad hoc, de la grandeur d'un timbre poste, vendus pour la coquette somme de trois millions de livres turques pièce soit environ 40 francs , sans grande conviction de trouver beaucoup d'acheteur. La grande majorité des Turcs devra affronter à l'oeil nu le phénomène naturel, qui, dans l'échelle des risques quotidiens, restera quoi qu'il en soit très loin derrière les accidents de la route ou du travail.
L'éclipse est en tout cas attendue de pied ferme, et faute de lunettes, plusieurs autres accessoires sont déjà prévus pour l'accueillir: une vieille tradition anatolienne, qui remonte aux tribus descendues des steppes d'Asie centrale, veut que les terriens se munissent de casseroles ou encore de fusils pour faire tout le tapage nécessaire afin de chasser les mauvais esprits qui kidnappent le soleil, miroir posé par les dieux pour protéger la terre, ou encore la lune. C'est ainsi que l'ordre a été promptement rétabli par les habitants des faubourgs de Diyarbakir lors d'une éclipse de Lune en 1997. Une explication plus contemporaine avancée par les sociologues fait remonter la tradition à l'histoire d'un astronome, qui avait annoncé une éclipse lunaire au