Rien dans le Coran ne laisse entendre que l'éclipse soit autre chose
qu'un phénomène naturel. Le Prophète, dont le fils Ibrahim était mort un jour d'éclipse, avait même pris grand soin de dissocier les deux événements, «pour éviter toute déviance», rappelle l'imam de Bordeaux Tarek Oubrou.
Rochdy Alili examine, en historien, comment l'islam coranique aborde la cosmogonie.
Quelle est la place de l'éclipse dans le Coran?
Je ne m'étais même pas posé la question! A ma connaissance, elle est nulle. Il y a, dans le Coran, l'annonce de la fin des temps avec, effectivement, une allusion à l'éclatement des astres. Mais aucun événement cosmique, naturel, n'a de valeur religieuse en soi. Le Coran, au contraire, s'inscrit en opposition aux cultes solaires ou lunaires. Au moment en effet où l'islam se constitue dans la péninsule arabe, il est au contact de reliquats de religions d'adoration des astres, ce qui n'était plus le cas en Palestine, dans le milieu judéo-chrétien, où les cultes cosmiques étaient déjà dépassés. La réaction monothéiste de l'islam a été d'autant plus radicale. Le Coran réfute toute sacralisation d'événements naturels comme l'éclipse.
L'islam utilise pourtant un symbole astral, le croissant de lune?
L'utilisation du croissant dans l'islam est à mon avis récente. Il y a plusieurs hypothèses. On pense que le croissant est arrivé avec les Turcs, en Asie Mineure. La première mention du croissant date de la prise d'Ani, la capitale d'Arménie, en 1064, quand les Turcs ont placé