C'est en Chine que la première éclipse du Soleil a été répertoriée,
en 2165 avant Jésus-Christ (ou en 1948 avant J.-C., la comparaison entre les chronologies occidentales et chinoises ne permettant pas de trancher). La science de l'observation chinoise s'est très tôt intéressée aux éclipses, qui étaient perçues par les sujets de l'empereur céleste comme une manifestation de l'appétit d'un chien (ou d'un loup) mythique qui errait dans le ciel pour dévorer les astres. La croyance populaire, encore en vigueur dans les contrées les plus reculées du pays, poussait les habitants à sortir à l'heure dite bardés de gongs, crécelles et autres instruments retentissants afin de chasser l'animal céleste qui tentait de boulotter le Soleil ou la Lune. Jusqu'à la fin de la dernière dynastie impériale (les Qing, en 1911), ce vacarme rituel était pratiquement obligatoire. Des semaines à l'avance, les mandarins recommandaient à tous de participer à cette cérémonie en se basant pour leurs calculs sur le calendrier (lunaire) impérial. Des affiches intitulées «Sauver le Soleil et la Lune» étaient placardées devant les yamen (bureaux des préfets impériaux). L'armée était également appelée à participer au tapage rituel par régiments entiers. L'efficacité de ce chambard liturgique était inévitablement confirmée par le fait que le «chien céleste» lâchait sa proie une fois l'éclipse accomplie. L'autorité de l'empereur, le «fils du ciel», s'en trouvait confirmée.
L'astronomie fut très tôt source de légit