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Libération
Enquête

GRAND ANGLE. Chez Fodé et Yaguine, «martyrs» de Guinée. Morts vers «le pays des rêves» deux adolescents voulaient simplement aller «étudier» en France. Leurs proches semblent étonnés, et la Guinée est sous le choc.

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publié le 12 août 1999 à 0h27

Conakry envoyée spéciale

La pièce où habite la famille Tounkara est sombre et exiguë. Il n'y a pas de courant. Un rideau tendu dissimule les deux lits et quelques biens , des vêtements et de la vaisselle. Fodé, l'un des deux jeunes Guinéens qui ont péri de froid dans le compartiment du train d'atterrissage d'un avion de la Sabena en route vers Bruxelles, n'y passait que peu de temps. Ce garçon de 14 ans y dormait aux côtés de sa mère et le matin après son réveil, il allait chez Bissiri Bangoura, de l'autre côté de la cour plantée de manguiers. Il aidait son «tonton», comme il l'appelait, à faire son lit et laver ses habits, puis prenait son petit déjeuner avant de partir pour l'école.

Le trajet prend une bonne demi-heure. Il faut d'abord rejoindre par un chemin l'artère à quatre voies qui mène vers l'aéroport de Conakry et le centre-ville, puis grimper un autre chemin creusé d'ornières où, à la saison des pluies, une boue ocre alterne avec des pierres volcaniques. L'école est à flanc de colline. Elle est entourée de quelques arbres. Fodé regagnait alors une bâtisse d'un étage, recouverte d'un toit en tôles disjointes, pour s'asseoir dans sa classe, la 6e B. L'aménagement est spartiate: un tableau, des ouvertures pratiquées dans les murs pour laisser passer la lumière, car il n'y a pas d'électricité, et des pupitres où se serraient les élèves. «Nous étions 107 en classe», dit Mohamed, un copain de Fodé.

Cette école franco-arabe, où les matières sont enseignées en français et e