Adossée à la montagne, face à la rivière Ghagy, la prison moudjahid
évoque plus un gros pavillon de banlieue qu'une forteresse pénitentiaire. Chef de la sécurité du Panchir, M. Merza est aussi le patron des trois prisons de la vallée, le fief du commandant Ahmed Shah Massoud. «Je suis un peu comme votre ministre de l'Intérieur», explique-t-il, la moustache en bataille, en ouvrant une des cellules" Depuis la récente défaite provisoire des taliban, le bâtiment a vu arriver plusieurs dizaines de nouveaux prisonniers. Dans la cellule de 8 mètres sur 4, une quinzaine de détenus s'entassent sur des couvertures étendues à même le sol. Dans un coin un jeune talib (étudiant), le visage émacié, le teint cireux, reste allongé. Une balle lui a traversé le mollet gauche et la blessure, malgré les bandages, continue de suinter. Le crâne rasé, les prisonniers n'ont gardé que leur barbe. La plupart viennent du sud de l'Afghanistan.
A l'ombre de la mosquée. Parmi eux, une poignée de prisonniers reste à l'écart. Des Pakistanais. «Il y en a plus qu'avant», explique Merza. Leur existence ne fait que confirmer ce qu'affirme depuis longtemps le commandant Massoud: une présence pakistanaise de plus en plus marquée sur le terrain, tant en hommes qu'en matériel. Ce qui se concrétise par l'envoi de centaines de «volontaires» venant des pays musulmans voisins, et qui se retrouvent en Afghanistan aux côtés des taliban.
Ils sont trois, assis dans le bureau du directeur. Le crâne rasé, seul un collier de