Le Caire de notre correspondant
C'était une disposition de 1904 et c'est comme si elle datait de l'âge de pierre. L'article 291 du code pénal égyptien, qui permettait à un violeur ou à un kidnappeur d'échapper à toutes poursuites judiciaires s'il se mariait avec sa victime, n'existe plus. Le Parlement égyptien l'a annulé dernièrement. «C'est une victoire pour les femmes et les ONG qui défendent leurs droits», se réjouit Magda Adli, membre du centre Al Nadim pour la réhabilitation des victimes de violence. «Pendant des années, on nous a reproché de porter sur la place publique un problème relevant de la vie privée.» Cette disposition, véritable encouragement au viol, répondait à un souci d'ordre social: une femme violée est, en effet, considérée comme déshonorée, impossible à marier et sans protection, a fortiori lorsqu'elle est tombée enceinte. Dans ce dernier cas, la famille de la victime ne lui laissait souvent pas le choix, la forçant à épouser son agresseur. «En fait, cela revenait à rendre la femme responsable du viol», explique Magda Adli. Dans le cas d'un viol collectif, tous les participants bénéficiaient de l'impunité si l'un d'entre eux épousait la victime. En revanche, si aucun accord n'intervenait, le viol était puni de mort.
En fait, l'annulation de l'article 291 n'est pas allée de soi pour tout le monde. Ainsi, le vice-président du Conseil d'Etat, Bayoumi Mohamed Bayoumi, a estimé que «lorsque quelqu'un commet un péché, puis reconnaît qu'il a offensé Dieu, il est